« Sortir de la rue »
Tel est le titre choisi pour cette conférence de consensus. Il reflète l’enjeu de société que constitue aujourd’hui la présence de plus en plus durable à la rue de personnes, de familles, qui pour certaines vont et viennent entre la rue et les centres d’hébergement. Il traduit l’urgence d’engager une politique publique à la hauteur de cet enjeu, politique qui nécessite des choix à long terme qui engagent toute la société.
Il traduit également les choix du comité d’organisation pour cette conférence qui ne peut, à elle seule, traiter l’ensemble des problématiques qui touchent à l’exclusion. Ainsi, la conférence n’approfondira pas les thèmes de la prévention, de la politique du logement, des personnes sous main de justice, ou des étrangers en situation irrégulière. Chacun d’entre eux nécessiterait en effet à lui seul une conférence spécifique. Ils seront néanmoins abordés au travers de questions transversales.
La conférence essaiera d’inscrire l’ensemble des questions posées dans une perspective dynamique qui tienne compte du temps nécessaire pour sortir de la rue, de l’évolution des besoins, et de la complexité des trajectoires d’insertion.
Les principales questions
La conférence de consensus s’articulera autour de deux grandes questions :
- les fondements et objectifs d’une politique publique en direction des sans abri ?
- les principes d’action en direction des personnes sans abri ?
Les sans-abri
Conférence de consensus
Questions et sous-questions
Première partie
Quels fondements et objectifs pour une politique publique
en direction des personnes sans abri ?
Première question : L’état de la connaissance sur les personnes sans abri est-il suffisant et bien articulé avec les politiques publiques ?
1) Quelle appréciation porter sur l’état du savoir sur les personnes sans abri, et sur son articulation avec les politiques publiques en direction de ces personnes ? Quelles sont les données manquantes en terme de connaissance, nécessaires au pilotage d’une stratégie publique, au niveau national, territorial ? Comment les obtenir ? Quelles sont les conditions de réussite de mise en place d’un système efficace de collecte de données ?
2) Quelles priorités retenir en terme de prévention, et de prise en charge, en tenant compte de l’état du savoir sur les processus individuels et structurels de basculement à la rue,
3) Quels sont les coûts humains et sociaux générés par la vie à la rue ? Quelles conséquences en tirer pour les politiques publiques?
Deuxième question : Comment l’opinion publique perçoit-elle les personnes sans abri ?
4) Quels sont les écarts entre les représentations sociales et les réalités de la vie à la rue ? Quels objectifs de politique publique et modes d’intervention en direction des personnes sans abri soutiennent-elles ? Faut-il les faire évoluer et comment ?
5) Sur quels ressorts mobiliser l’opinion publique pour porter dans la durée une politique publique en direction des personnes sans abri ?
Troisième question : En quoi la présence de personnes sans abri constitue-t-elle un enjeu de société qui justifie une réponse publique? Sur quoi fonder la responsabilité de la société ?
Dans quelle mesure la présence de personnes à la rue interpelle-t-elle le « vivre ensemble » ? Quelles en sont les implications en termes de responsabilité sociale et de réponses publiques ?
Focus sur les jeunes
Pour les jeunes entre 18 et 25 ans se retrouvant sans-abri, quels doivent être les objectifs et principes fondateurs d’une prise en charge ? Faut-il prévoir des dispositifs et des mesures spécifiques ? Comment assurer les moyens de l’autonomie pour les jeunes qui sont contraints de l’assumer ? Comment assurer une continuité de la prise en charge des jeunes de 18 ans ayant bénéficié des dispositifs de protection de l’enfance (ASE et PJJ) et éviter ainsi une rupture qui puisse les conduire à la rue ? Quels acteurs impliquer pour repérer les situations à risque ? Comment les former et les mettre en réseau ?
Quatrième question : Quels objectifs et quelle stratégie à l’horizon de 10 ans ?
1) Quelle appréciation peut-on porter sur les réponses publiques depuis 20 ans ? Quels principes et objectifs ont sous-tendu les réponses publiques à l’égard des personnes sans abri depuis 20 ans ? Les réponses apportées ont-elles répondu aux objectifs assignés ? Quelle adéquation des réponses publiques à la diversité des situations et des besoins des personnes sans abri ?
2) Comment les personnes à la rue s’approprient-elles l’espace public ? A quels objectifs doit répondre une politique publique de régulation de l’espace public ?
3) Quelle place faire au logement en termes d’objectifs d’une politique publique en direction des personnes sans-abri ? Quel développement souhaitable de formes de logement adaptées aux besoins des personnes ? Quel rôle et quelle vocation de l’hébergement par rapport au logement ?
4) « La sortie de rue », « l’insertion » : quels sens et objectifs ? « Zéro SDF », cela peut il être en tant que tel l’objectif d’une politique publique, sans déboucher en pratique sur la seule mise à l’abri ?
5) En fonction d'objectifs de politique publique préalablement définis, comment bâtir une stratégie en direction des personnes sans abri ? Quelles en sont les conditions de réussite ?
Deuxième partie
Quels principes d’action en direction des personnes sans abri ?
Première question : A quoi doit répondre l’intervention à la rue en direction des personnes sans abri ?
1) Pour les personnes sans-abri qui ne « demandent rien », à quelles conditions le principe « Aller vers les personnes à la rue », peut-il constituer un principe d’action efficace ? Faut-il développer sa mise en œuvre ? Si oui, avec quels objectifs, selon quelles modalités, et avec quelles compétences ? Comment assurer la mise en cohérence des différents intervenants ?
2) Peut-on forcer quelqu’un à quitter la rue contre son gré ? A quelles conditions et pour quoi faire ?
Focus sur les personnes souffrant d’addictions et de troubles psychologiques
Face aux conduites addictives et aux troubles psychiatriques dont souffrent certaines personnes sans-abri, quels doivent être les principes et fondements d’un référentiel de prise en charge commun aux acteurs sociaux et médicaux ?
Deuxième question : A quoi doit répondre l’accompagnement des personnes sans-abri ?
1) Qu’implique l’exigence de partir des situations et des besoins des personnes elles mêmes ?
A quoi doit viser l’accompagnement des personnes sans-abri, dans les structures et hors des structures, au regard de la diversité et du nombre croissant de personnes à la rue ?
Comment les concepts institutionnels de stabilisation et de non-remise à la rue s’articulent-ils avec les besoins des personnes sans abri ? Qu’est ce qu’ils impliquent en termes d’accompagnement et de compétences ?
2) Qu’implique la prise en compte de la réalité d’un processus de sortie de rue et d’insertion en termes d’accompagnement ?
Comment tenir compte des « leviers et des freins » dans une trajectoire de reconstruction personnelle et d’insertion pour cibler le mode d’intervention le plus approprié? Comment accompagner, dans la durée et de manière globale des « trajectoires personnelles » vers l’insertion ? Comment les politiques publiques peuvent-elles prendre en compte le temps nécessaire à tout processus d’insertion, ainsi que son caractère discontinu ? En termes pratiques, faut-il notamment dissocier l’accompagnement social des lieux de vie pour favoriser une continuité du lien, et une globalité dans la prise en compte des problèmes ?
3) Comment définir le principe de « non-abandon », et quels en sont les enjeux ? Est-il opérant ? Si, oui, quelles conséquences en tirer en termes de politique publique ? Qui doit en rendre compte ? Comment le rendre effectif ?
Troisième question : quels principes d’accueil ?
1) Quel est le ressenti des personnes sans-abri sur les structures d’accueil et d’hébergement ? Pourquoi les fréquentent-elles ou non ?
2) Comment définir l’accueil inconditionnel et quels en sont les enjeux? Comment le rendre effectif, combiné avec le principe de non remise à la rue ? Ce principe incombe-t-il à chaque structure, à certaines structures ou n’est il pertinent qu’à l’échelon d’un territoire ? Comment peut-il s’organiser à cet échelon pour être effectif ?
3) Quelle appropriation souhaitable des lieux par les résidents? Quelles normes d’accueil respectueuses de la dignité des personnes et de leurs droits ?
Je suis en 3ème année de formation pour le diplôme de conseillère en économie sociale et familiale, dans ce cadre je dois présenter un mémoire de recherche. J'ai choisie de travailler sur l'accueil des sans abri en hébergement d'urgence et de jour. Je m'interroge et axe ma recherche sur ce qui, à travers l'accueil favorise "l'accompagnement" de ce public. Je me permets de vous solliciter afin d'obtenir un ou des contacts qui seraient susceptibles de m'orienter et d'éclairer ma recherche. Par avance je vous remercie de l'attention que vous porterez à ma demande. Salutations les meilleures. Séverine Ponton
Rédigé par : ponton séverine | 18 mars 2008 à 23:08