A J-48 de l’élection présidentielle, l’Agence France presse (AFP) a posé 3 questions à Nicole Maetracci. Pour la présidente de la FNARS, le futur président de la République devra permettre "l'accès de tous aux droits fondamentaux" et ériger au rang de "priorité" la "réduction des inégalités sociales".
Qu’attendez-vous du président après son élection ?
Nous attendons du président élu qu’il fasse de la réduction des inégalités sociales une priorité et qu’il ose s’engager sur des actions de long terme dont les résultats se mesurent au-delà du temps électoral :
- sécurisation des parcours professionnels,
- formation et autonomie des jeunes,
- plan de résorption sérieux des ghettos urbains.
Il devra rendre effectif l’accès de tous aux droits fondamentaux (emploi, logement, santé, éducation) dans un contexte où les personnes les plus pauvres sont de plus en plus nombreuses à renoncer au bénéfice de dispositifs jugés trop bureaucratiques et inadaptés.
Les politiques sociales, notamment en direction des jeunes, s’apparentent de plus en plus à un "mille-feuille" incompréhensible qu’aucun gouvernement n’a eu le courage de mettre en ordre, chacun préférant au contraire annoncer ses propres mesures, sans d’ailleurs toujours se préoccuper de leur mise en oeuvre concrète.
Que devra-t-il faire en premier ?
Il y a pour nous deux priorités essentielles. La première, c’est assurer le droit inconditionnel à l’hébergement pour les quelque 260 000 personnes sans domicile ou résidant dans des habitations de fortune, qui ne peuvent accéder à un logement.
Il faut pour cela aller systématiquement vers les « invisibles » de la rue ou des abris de fortune et leur proposer un accompagnement et des solutions durables.
Le président élu devra aussi se préoccuper des 14 % de jeunes majeurs de moins de 25 ans qui ne sont nulle part, c’est-à-dire ni en emploi ni en formation, et à qui on ne propose rien s’ils ne demandent rien.
Sur ces deux points, il ne s’agit pas de créer des mesures nouvelles mais de se donner des objectifs collectifs sur chaque territoire pour aller vers ceux qui ne demandent rien, et réduire drastiquement ces chiffres.
Ce qui suppose, et c’est le plus difficile, une révolution des pratiques.
Ce qu’il ne devra surtout pas faire ?
En période de crise, la tentation est grande d’encourager le bénévolat, le mécénat privé et de remettre le sort des personnes les plus en difficulté aux seules associations caritatives, et donc à la générosité du public.
Ce serait oublier que la solidarité est une question éminemment politique. Investir durablement dans des politiques de prévention et d’accompagnement vers l’autonomie permet d’abord aux personnes touchées par un accident de la vie de rebondir, mais offre, aussi et surtout, à la société toute entière un « retour sur investissement » inestimable, en matière de santé publique, de sécurité ou de capacité de production et d’innovation.
Aucune société n’a intérêt à laisser, comme aujourd’hui, des millions de personnes sur le bord de la route.
Propos recueillis par Isabelle Tourne
- Dépêche de l’AFP du 5 mars 2012
- Publiée sur le site de La Gazette santé social
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